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CHARLES-HENRY SOMMELETTE : Voir venir

17 janvier 2025 - 2 mars 2025

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Depuis près d’une quinzaine d’années, Charles-Henry Sommelette (°1984, vit et travaille à Barvaux-sur-Ourthe) explore les potentialités offertes par la peinture, le fusain, la mine de plomb et, plus récemment, la sanguine. L’artiste, diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège en 2009, se livre de la sorte à un exercice d’une virtuosité inouïe : celui de suspendre le temps. S’il se dirige d’abord vers les peintures intimistes d’intérieurs, il se tourne, dès 2009, vers ce que l’on pourrait nommer la représentation de « l’intériorité de l’extériorité », cherchant à restituer graphiquement ce qui relève de l’insaisissable et de l’éphémère. Charles-Henry Sommelette réalise en effet des paysages où toute présence humaine est exclue ; des lieux ordinaires où le mouvement du quotidien semble mis en sourdine. La présence humaine est reléguée aux oubliettes de la représentation, et le paysage, figé sur le papier, demeure le seul personnage. De l’humain, il ne subsiste que la trace. Les éléments que l’artiste dessine – une piscine, une terrasse, du mobilier utilitaire ou récréatif – sont autant de signes indiciels d’un silence habité. Cette absence ouvre la voie à un hors-champ qui inscrit l’idée d’une présence différée. L’humain est présent et se trouve subtilement réintroduit par l’attention portée au cadrage, qui transforme chaque espace en un lieu habité par le regard. Car ce qui intéresse réellement Charles-Henry Sommelette, c’est l’imago – l’image dans sa profondeur et sa charge symbolique – bien plus que la simple représentation du réel. L’artiste cherche moins à rendre compte du paysage que sa propre présence dans le paysage. Il nous invite à le découvrir par le regard, mais aussi par le corps, en restituant plastiquement la sensation du marcheur grâce au pouvoir du grand format qui innerve le corps de celles et ceux qui l’observent. Les lignes de fuite guident systématiquement le regard vers le centre du dessin dont les traits, denses et sombres, n’évacuent en rien la luminosité qui se dégage de l’ensemble. Et tandis que le chemin se dessine à mesure que le dessin chemine, les petits formats maintiennent quant à eux le paysage à distance et forcent à l’introspection. Appelé par l’intimité, la lumière et le silence, Charles-Henry Sommelette trouve ainsi dans l’ordinaire des lieux familiers et la ruralité une source d’inspiration inépuisable, accédant à ce que Rainer Maria Rilke a sublimement nommé « l’espace intérieur du monde ».

 

Camille Hoffsummer

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